JOC

[2020.05.11] Covid19 – (Dé)Confinés en milieu ouvrier : les jeunes témoignent (7)

Semaine du 11 au 17 mai 2020

Alors que le déconfinement se profile petit à petit, la JOC poursuit sa série de témoignages de jeunes confinés en milieu ouvrier ! Plus que jamais, il apparait indispensable pour la JOC de rendre visibles ces vies confinées et ces vies déconfinées à venir…  Au sein du mouvement, les jeunes sont nombreuses et nombreux à appréhender la période à venir : accès à l’emploi, étude, logement… Parce qu’elles et ils valent plus que tout l’or du monde, la JOC publie chaque jour sur son site (ainsi que sur Facebook, Twitter et Instagram) et depuis les débuts de cette crise sanitaire leurs témoignages. 

“Je m’inquiète pour la suite la saison estivale est très importante pour démarrer dans la vie professionnelle”

“Je suis chez moi, avec mes parents et mon frère qui travaille dans la restauration : tout le monde est au chômage partiel.
Je suis en mention complémentaire dans la restauration après avoir obtenu un bac pro en cuisine. Parallèlement, j’ai un petit job étudiant dans une usine agroalimentaire où je travaille un samedi sur deux et les vacances scolaires. Au début du confinement, j’ai été appelée comme d’autres étudiantes à remplacer les femmes qui ne pouvaient plus travailler car elles gardaient leurs enfants. J’ai accepté car je savais que je n’allais pas avoir beaucoup de cours. J’y ai travaillé un mois à plein temps. Puis j’ai arrêté pour pouvoir me consacrer exclusivement à mes études et je continue au rythme habituel d’un samedi sur deux.
Mon dernier stage en restauration pour valider ma mention devait démarrer mi-mars, il a été annulé. Je m’inquiète pour la validation de ma formation et l’examen car une partie des épreuves n’auront surement pas lieu comme pour les tous les lycées pro. Et surtout pour la suite : la saison estivale est très importante pour démarrer dans la vie professionnelle, et là ça va tout bloquer. Ça m’inquiète car il y aura probablement peu de recrutement dans un secteur en crise.
En attendant, je suis mes cours à distance, et je dois faire des desserts que les profs nous demandent pour ne pas perdre la main. Ce n’est pas toujours simple de s’y tenir car je manque parfois de matière première comme la farine.
En JOC, je suis présidente fédérale. Je suis déçue car cela faisait un moment que nous voulions organiser une action financière et nous avions prévu de faire un repas pour 60 personnes que nous avons dû annuler.”

Florine, 20 ans, Les Herbiers (85)

 

“Je peux plus m’investir et mieux connaître la vie des jocistes, leur parler plus qu’avant le confinement”

“Je suis étudiante en BTS Économie Social Familiale en deuxième année. Lorsque le confinement a été annoncé, j’étais dans mon appartement avec des amis. Je suis donc retournée chez mes parents car ils habitent en campagne avec un jardin et c’est plus sympa qu’un petit appartement ! Je me retrouve donc dans une maison avec mes parents et des animaux de compagnie (un chien et deux chats). Comme j’ai plus de temps pour moi, j’ai pu me remettre au sport et maintenant je cours avec mon chien. J’arrive à le fatiguer (enfin un peu !). Pouvoir faire du sport à l’extérieur me permet de décompresser et de ne pas rester enfermée dans ma chambre.
Mes professeurs ont mis en place des moyens de communication afin de nous envoyer nos devoirs et nos cours mais aussi pour nous permettre de leur envoyer des mails pour poser des questions, avoir des précisions… Nous avons plus de devoirs et de travaux que lorsque nous étions en cours. C’est donc compliqué de m’organiser. Je me perds souvent dans mes devoirs à rendre. Afin de réussir à tout faire dans les temps, avec deux amies, on s’organise ensemble pour réaliser nos devoirs. Elles me permettent de tenir le coup et m’encouragent à réussir à tout rendre.
Grâce aux réseaux sociaux je suis constamment en contact avec ma famille et mes amis. C’est très important pour moi car je suis très proche d’eux. Je peux donc les voir et leurs parler à défaut d’être avec eux. 
Je passe donc les journées avec mon téléphone afin d’avoir de leurs nouvelles. Avant le confinement je sortais beaucoup et ça me manque de faire des soirées entre amis, de danser et de m’amuser. Le confinement est dur psychologiquement car je n’ai pas l’habitude d’être seule aussi longtemps.
Avec la JOC, aussi, on reste en lien. Tous les 15 jours, on organise une visio grâce à Facebook et on fait une RDV. C’est essentiel  car nous restons en contact, on parle de ce qui se passe, ce qui se vit chez les jeunes, dans nos familles, dans la société…  De plus, les jocistes éloignés et/ou seuls peuvent échanger et voir d’autres personnes. Nous nous soutenons, la Parole et les paroles des uns et des autres nous éclairent sur la vision du monde, de la société.
Le confinement me permet de prendre du recul sur ma responsabilité de fédérale ; je peux plus m’investir et mieux connaître la vie des jocistes, leur parler plus qu’avant le confinement. Je profite donc de faire un point sur les jocistes mais aussi sur les fédéraux, ce qui serait bien pour eux… J’impulse les témoignages, je propose à la région de réfléchir aussi sur le pendant du confinement  mais aussi sur l’après confinement. En fin de compte, le confinement m’est profitable de cette façon, je donne plus de temps pour la JOC, et surtout, je prends le temps.”

Léa, 20 ans, Euville (55)

“Je révise mes plantes, c’est important pour être un bon jardinier dans mon métier”

“Avant le confinement je travaillais en intérim dans la pose de revêtement pour sol, la logistique, etc. Les agences intérims ont fermé suite aux procédures de confinement. Aujourd’hui je recherche à travailler dans une entreprise de parcs et jardins car c’est ce que j’aime et je suis diplômé d’un BP aménagement paysager. Le travail dans ce métier ne devrait pas manquer cet été car la nature a bien poussé ces dernières semaines.

Mon frère Anthony âgé de 32 ans, avait un contrat en intérim de plusieurs semaines en manutention avant le confinement, mais l’agence intérim a dû casser son contrat suite au confinement. Il ne devrait pas tarder à trouver une autre mission puisque le travail va reprendre. Ma sœur Maureen âgée de 27 ans, travail depuis chez elle dans le traitement de dossiers au sein d’une assurance. Le travail ne manque pas, elle à même plus de travail que d’habitude. Ma sœur Vanessa âgée de 23 ans, est en stage chez Yves Rocher pour sa formation d’esthéticienne. Actuellement le magasin est en arrêt temporaire donc elle en profite pour travailler ses cours chez elle. Et enfin Océane âgée de 20 ans à trouvé du travail dans l’aide à domicile il y a quelques jours. Avant le confinement elle a arrêté ses études d’infirmière et ne trouvait pas de travail.

Pendant le confinement je lis des livres, je révise mes plantes, c’est important pour être un bon jardinier dans mon métier. J’ai même acheté de nouvelles plantes car par chance le magasin de jardinage près de chez moi reste ouvert tous les jours. J’échange avec les jeunes écologistes en tant que bénévole, sur Internet bien sûr, je joue aux jeux vidéo en ligne, avec mon cousin au basket, on y joue même dans la rue avec ses frères. D’ailleurs, on aimerait bien d’ici 1 an organiser un tournoi de basket amateur pour amener les jeunes de ma ville à se défouler et être unis. On compte solliciter le service jeunesse pour ce projet.
En JOC je vois mon équipe de RDV une fois par semaine sur Skype. On a partagé des textes et réalisés des panneaux pour la fête du travail. Une sorte de manifestation par Internet pour le 1er Mai. Maxime de mon équipe JOC a laissé un mot de soutien aux aides soignants dans son entrée d’habitation et une infirmière émue a laissé un message pour le remercier.
Il s’est déroulé un ciné-débat sur le thème : « Sommes-nous tous égaux face au confinement ? » Après avoir visionné des reportages sur des familles vivant des situations différentes. La suite est de trouver des agirs.
Adrien de la fédération de Lille à présenté son projet partant des propositions de la Table-Ronde qui s’est tenue le 1er Juin 2019 qui consiste à créer un site internet pour répertorier les aides existantes : aides au logement, au permis, au transport, aux étudiants, etc. L’objectif étant d’informer les gens qui pour grand nombre ne connaissent pas la plupart de ces aides et leurs droits. Pour la construction de ce site nous proposons aux jeunes de la JOC de la région de participer.
Pour ma part il y a un événement important dans ma vie que je m’apprête à vivre : c’est la confirmation de mon baptême ! Elle doit avoir lieu normalement le 30 Mai mais sera reportée, je ne sais pas quand pour le moment, suite au COVID 19.  
J’encourage les jeunes de la JOC à aller toujours plus loin pour changer la société. Choisissons notre avenir !”

Thomas, 24 ans, Lille (59)

“Ce qui m’inquiète le plus, c’est la circulation des théories complotistes dans les familles”

“Je suis chez ma mère avec mon beau-père et deux petits frères. Ma sœur est chez son copain. J’ai arrêté les études cette année, j’étais en BTS, je ne m’y sentais pas bien. J’aime bien apprendre, mais je n’aimais pas les méthodes, le chemin pour y aller, et puis certaines personnes aussi. Je voulais peut-être faire un Service Civique, mais peut-être que je ne vais rien faire pendant un moment aussi.
Ce confinement, je l’ai plutôt bien vécu par rapport à d’autres. J’aime bien être chez moi et sur l’ordi, ça ne me dérange pas. Ça me fait prendre du recul. Si je pouvais rester enfermé et sortir seulement quand c’est utile… Ce que j’aime bien dans cette période, c’est qu’on n’a plus la pression à faire des choses, d’avoir des projets.
Je me sens bien à rester à la maison sans sortir, même si je deviens plus faible physiquement. On habite au 7ème étage et monter les courses, ça me tire au delà de 10 kilos…

En temps normal, je suis dans la chambre avec mon petit frère. Je considère que cette chambre est plus à lui qu’à moi. Ce n’est pas vraiment mon espace. Je n’ai pas vraiment de chambre. En ce moment, comme ma sœur n’est pas là, je suis un peu dans la sienne. C’est une question d’intimité, et là j’en ai pas beaucoup. Je suis toujours à côté de mes frères, ou de mes parents.
En ce moment, j’ai l’impression de régresser dans une autre époque. Avant le confinement j’allais avancer dans la vie, j’allais faire plein de trucs, je voulais rechercher une mission de Service Civique. Maintenant y’a plus rien. C’est bizarre. J’ai pas beaucoup de rêves ou d’envie, j’aspire juste à vivre dans de bonnes conditions. J’ai l’impression qu’après cette période, ce sera la transition d’un passage au monde adulte.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est la circulation des théories complotistes dans les familles, je suis persuadé de ne pas être le seul. Un proche croit beaucoup à ces théories. Je n’ai pas les outils pour lui faire comprendre que c’est faux. Je trouve que ça empêche le dialogue, on ne peut plus parler de sujets scientifiques ou politiques, et ce n’est pas simple. Pourtant, j’ai essayé de discuter, de rassembler des informations et des arguments mais ça n’a pas marché. A ne pas croire, par exemple, aux dangers du virus, cela met d’autres personnes en danger. J’ai même établi des règles pour repérer les complotistes. Règle n°1 : cette personne a toujours saison, règle n°2 : moins y’a de sources plus c’est sûr, et la troisième… Je ne m’en souviens plus.
J’ai découvert la JOC il y a quelques mois, lors de la Session de formation des jocistes. C’est tout récent. On fait une réunion en visio il y a peu.”

Enzo, 19 ans, Port-de-Bouc (13)

“En famille, on a vécu plein de beaux moments”

“Je vis chez mes parents à Nevers. Pour nous c’est un confinement total car ma mère est très à risque. Je n’ai pas été plus loin que ma cage d’escalier ! Je le vis plutôt bien. Juste avant le confinement, je rêvais justement d’un temps de pause, j’avais été très malade, et j’avais envie de recharger les batteries. C’est un temps qui m’a permis de revoir mes priorités, j’adore cuisiner et j’y passe beaucoup de temps !
J’ai eu plus de temps pour réviser les partiels, je suis en première année de fac de droit… Et puis surtout, j’ai pris le temps de faire des choses que je n’arrivais plus à faire. Passer des heures au téléphone avec les copines, c’est du petit bonheur ! Cuisiner tous les jours aussi… Et puis ça me permet de penser à après, et à ce dont j’ai envie. Je fais du théâtre, j’aimerais y consacrer plus de temps.
En famille, on a vécu plein de beaux moments. A moment, le confinement devenait un peu lourd, on a décidé de faire un réveillon de famille, même si ce n’est pas Noël, c’était génial ! Et puis, il y a eu initiatives super cool dans les centres sociaux de la ville. Un centre social publiait et envoyait chaque semaine un journal de confinement avec les paroles des habitants. Ma mère y a écrit des textes toutes les semaines !
Je suis fédérale à Nevers. Une équipe ados avait démarré juste avant le confinement, ils ont de 13 à 15 ans et s’étaient rencontrés au Temps fort militant en février. C’est une équipe qui envie de se retrouver, alors, on a dû faire 3 réunions en visio depuis le début du confinement. Leur première révision de vie était donc confinée… Pour le moment c’est moi qui les suis, avant qu’ils puissent faire leur RDV avec une accompagnatrice.
En parallèle de mes études, je suis animatrice dans un centre social, pour le périscolaire, je suis responsable des animateurs. C’était fermé et cela va rouvrir progressivement. Je ne pense pas reprendre tout suite, pour ne pas mettre ma mère en danger qui a une santé fragile. Et je vais rester confinée tant que je n’ai pas d’impératif.”

Léa, 19 ans, Nevers (58)

 

Lire aussi les témoignages des semaines précédentes :

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