JOC

[2020.05.01] #1erMaiConfiné L’Ile-de-France affiche ses joies et ses galères

Le 1er mai 2020

#1erMaiConfiné A l’occasion de la journée internationale des travailleurs et des travailleuses, les fédérations JOC d’Ile-de-France se sont unies pour collecter les joies et les galères des jeunes #ConfinésEnMilieuOuvrier. Deux magnifiques mosaïques de photos ont été créées pour l’occasion ainsi qu’une parole du mouvement à destination des jocistes de la “RIF” (Région Ile de France), à lire ou télécharger ci-dessous.

“Après avoir pris part à l´action proposée par notre collectif région, il est maintenant temps de faire entendre nos voix et de la partager au plus grand nombre en ce 1er. Ainsi on vous attend dès 15h sur Discord afin de lire la parole de notre mouvement, écho des réalités que nous jeunes du milieu ouvrier vivons.”

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Facebook de la JOC 92 Nord Centre

Parole du mouvement des fédérations JOC d’Ile de France

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Nous les jocistes de l’Ile-de-France pensons qu’il est primordial d’exprimer nos inquiétudes et nos espoirs face à cette situation inédite pour ce 1er mai. D’habitude nous défilons dans les rues avec nos pancartes, cette année nous avons fait le choix de nous exprimer en photo avec nos joies, nos galères mais aussi nos espoirs pour l’après confinement. Le pape François dans sa lettre du 12 avril nous dit “Je sais que très souvent vous n’êtes pas reconnus comme il se doit, car dans ce système vous êtes véritablement invisibles.” La JOC d’Ile-de-France a choisi de donner un visage à ces jeunes oubliés dans cette période.

Pour nous jeunes de quartiers populaires le confinement signifie nous retrouver enfermés dans nos grandes villes et cela est compliqué. Surtout quand on vit dans un appartement ou loin de chez soi et de sa famille. Certains d’entre nous n’ont pas eu la chance de rejoindre leurs parents avant le commencement du confinement comme nous en parle Yoann “Je vis chez une dame de 77 ans qui me loue une petite chambre de 7m2 dans sa maison. J’ai toutefois un accès libre à la cuisine et au salon. En termes d’espace de vie, quand je pense aux étudiants et leurs 9m2 qui n’ont pas pu rentrer dans leurs familles je me dis que je suis bien loti. Je soutiens d’ailleurs tous ceux qui sont isolés ne pouvant pas rejoindre leurs proches.”

Nous ressentons les inégalités face au logement et nous ne nous sentons pas concernés lorsque l’on nous parle des parisiens quittant la capitale pour leur maison secondaire. La promiscuité familiale nous pousse à nous redécouvrir en famille mais nous souffrons de perdre notre indépendance et cela joue sur notre moral. Nos relations familiales en pâtissent comme le dit Graciela “nous nous entendons très bien malgré quelques crises ça va.”

Pour beaucoup d’entre nous, comme Manon, Professeure des écoles, le confinement est synonyme de télétravail et a mis en lumière certaines inégalités auxquelles on pense peu. “Beaucoup de familles n’ont pas les outils numériques suffisants ou des conditions correctes pour travailler au calme. De plus mes élèves sont en CP, ils ne peuvent donc pas être autonomes sur leur travail et tous les parents ne peuvent pas rester 4h à faire le travail avec eux : il y a d’autres enfants, la maison, le télétravail ou même des parents qui doivent aller travailler. Les parents et les enfants ont besoin d’être rassurés.” Cette parole révèle deux problèmes, la fracture numérique et la difficulté pour les jeunes travailleurs de s’épanouir dans cette nouvelle façon de travailler. Les professeurs doivent se réinventer dans leurs pédagogies comme les élèves doivent trouver une nouvelle manière d’étudier. Ni les travailleurs ni les étudiants ne sont soutenus dans cette épreuve.

Nous voyons que les enseignants s’impliquent dans leur travail quotidiennement, cependant beaucoup de doutes subsistent en ce qui concerne notre éducation, en particulier pour les examens. Nous ne savons pas comment se passera la reprise des cours. Les étudiants vont-ils valider leurs diplômes en contrôle continu ? Ou devront-ils passer leurs examens ? Et si oui, quand ? C’est autant de questions qui suscitent l’incertitude concernant l’avenir. Pour beaucoup, ce manque de réponse pèse et influe sur le moral.

Certains copains ont du mal à suivre les cours en ligne car ils n’ont pas accès à un ordinateur ou n’ont pas d’abonnement internet, le risque de décrochage scolaire est alors d’autant plus important. A cela s’ajoute l’incertitude des écoles et des universités concernant leurs réouvertures. Ne plus pouvoir aller en cours et ne plus se retrouver engendre la peur de ne plus avoir les mêmes liens qu’auparavant. Les jeunes ont peur de la distanciation sociale comme nous le dit Elvis “sans pour autant oublier que les gestes barrières sont toujours d’actualité et que ça va être compliqué, car se serrer la main, la bise, où se checker forcément avec ses amis, c’est presque automatique et donc du coup ça va être compliqué de se retrouver, mais pas trop non plus.” Par ce témoignage Elvis, comme nous, s’inquiète pour l’avenir de nos relations.

Pour les actifs et les étudiants, la période est compliquée, cependant pour les jeunes privé(e)s d’emploi, la période accroît d’autant plus les incertitudes concernant leur avenir professionnel, leurs projets et leur autonomie.

Comme en témoigne Dwayn : “Ce confinement tombe vraiment mal pour moi et c’est le cas pour des millions de personnes, comme tout le monde est confiné, et donc les recruteurs, tout est en pause. Il est donc compliqué de décrocher ne serait-ce qu’un entretien téléphonique.” Dwayn redit la difficulté pour les jeunes de trouver un emploi stable d’autant plus en cette période où l’économie est au ralenti. Nous les jocistes de l’Ile-de-France pensons que cette incertitude en l’avenir nuit à notre capacité de se projeter. Les jeunes déplorent de ne recevoir aucune réponse de la part des employeurs, alors que la période est propice à la prise de contact.

Malgré ce bilan, les jeunes de la JOC nous présentent un message d’espérance fort.

Comme le dit le Pape François “vous ne vous renfermez pas dans la plainte : vous retroussez vos manches et vous continuez à travailler pour vos familles, pour vos quartiers, pour le bien commun.” En effet nous jeunes du milieu ouvrier sommes capables de voir ce qu’il se passe de beau dans nos quartiers. Nous voyons les rapprochements entre voisins et sommes fiers de participer à notre échelle aux élans de solidarité comme en témoigne Léa “Je suis allée apporter une partie de nos courses aux restos du coeur, je le faisais avant donc ça me semble normal de continuer”. En plus de contribuer aux efforts nous ne nous plaignons pas de la situation qui pourtant nous enlève beaucoup. Nous allons de l’avant en espérant un avenir plus solidaire ! Yoann en témoigne et redit “j’espère que quand tout ceci sera derrière nous, nous continuerons cet élan de solidarité”.

Nous sommes convaincus qu’un changement de notre société et du système économique est possible. Yoann à nouveau estime que si “nous sommes solidaires, bons les uns envers les autres, dans de tels moments, pourquoi ne pas l’être autant quand tout va bien ?”. Cette idée qu’un monde plus solidaire est possible, est partagée par un grand nombre de jeunes de l’île de France comme l’illustre les photos qu’ils ont réalisées.

Le Pape nous a témoigné la confiance qu’il a en nous pour construire ce monde de demain “Vous êtes des bâtisseurs indispensables à ce changement inéluctable. Je dirais même plus, vous avez une voix qualifiée pour témoigner que cela est possible”. Il nous invite à construire cette voie, désormais ouverte, car nous sommes fort de notre vécu, de notre engagement et de nos partages.  Ainsi, nous jeunes des milieux ouvriers et populaires sommes les acteurs privilégiés de ce changement, le Pape a foi en nous.

Nous jocistes sommes aussi persuadés que toutes les choses positives que nous vivons durant ce confinement peuvent continuer à vivre et impacter nos vies une fois qu’il sera fini. Manon nous témoigne de ce que son travail à distance a changé : “Malgré tout, cette nouvelle façon de travailler m’a permis de découvrir mes élèves et leurs familles d’une autre façon, d’être plus proches les uns des autres”. Cela nous démontre qu’avec de l’imagination, de la volonté nous sommes en capacité de voir du positif dans chaque situation. Graciela évoque sa situation scolaire améliorée grâce au travail de ses professeurs “j’aime bien la nouvelle méthode de travail virtuelle, j’ai de la chance d’avoir des professeurs bienveillants”. Malgré ses doutes face à la fin de son année et ses examens, elle garde espoir tout en étant reconnaissante.

Cela fait écho à ce que nous sommes, jeunes engagés à la JOC : nous sommes porteurs d’espérance et de changement pour une société plus juste.

Nous croyons en cette parole dite par le Pape “Si la lutte contre le COVID-19 est une guerre, alors vous êtes une véritable armée invisible qui combattez dans les tranchées les plus périlleuses. Une armée sans autres armes que la solidarité, l’espoir et le sens de la communauté qui renaissent en ces jours où personne ne peut s’en sortir seul.” Nous partageons des galères communes et nous nous retrouvons dans les paroles dites par les copains. Ensemble nous croyons aussi que nos joies peuvent se partager et qu’un nouveau monde est possible ! Hier comme aujourd’hui nous sommes encore convaincus qu’”Un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde car il est fils de Dieu”.

Pour le collectif région, les Président(e)s région Léa et Dwayn

 

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