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Joc de Nantes - tribune

[2017.05.02] Parole du mouvement de la JOC de Nantes

Nous rêvions « d’un autre monde » en 1984, nous avions « soif d’idéal » en 1993 et déjà, en 2000, nous avions « perdu nos rêves ». Nous étions les « fils de France » en 2002 et, aujourd’hui, que sommes nous ? Des enfants à qui ont a répété « Dans tes rêves, oublie, oublie ». Les enfants d’une société qui doute d’elle-même et de ses valeurs. Des jeunes qui doutons de nous-mêmes et qui ne rêvons plus. Une jeunesse qui ne rêve plus, c’est une société qui meurt. Les générations passent, meurent de moins en moins jeunes, et oublient de laisser de la place à celles qui arrivent. Comment s’indigner lorsque nous, jeunes travailleurs, nous subissons quotidiennement les difficultés économiques ? A la JOC, nombreux sont les jeunes qui, privés d’emplois, sont privés d’avenir, privés de rêves. Nous nous sommes rassemblés à Paris le 15 avril dernier pour crier nos revendications. Si la société souhaite voir ses jeunes se lever, faire face, unis, elle doit lui faire confiance, elle doit l’écouter.

Si la jeunesse doute de ce qu’il faut faire dimanche prochain, ce n’est pas par coquetterie mais par manque de sens. Moi, jeune vacataire, payé au lance-pierre, comment ne pas être fatigué de devoir choisir entre le moins pire ? Moi, jeune apprenti, comment trouver ma place dans un débat dont je ne comprends pas tout ? Moi, jeune chômeur, comment m’intéresser à une société qui ne s’intéresse plus à moi ? Si la jeunesse s’interroge, c’est parce que ses aînés n’ont pas pris le temps de l’écouter, de lui parler, de lui expliquer. Dans une société où tout va vite, on ne prend plus le temps de semer les graines de l’esprit critique, de la rencontre. Or, « l’unique alternative à la civilisation de la rencontre, c’est la barbarie de la confrontation. Et pour s’opposer vraiment à la barbarie de celui qui souffle sur la haine et incite à la violence, il faut accompagner et faire mûrir des générations qui répondent à la logique incendiaire du mal par la croissance patiente du bien : des jeunes qui, comme des arbres bien plantés, sont enracinés dans le terrain de l’histoire et, grandissant vers le Haut et à côté des autres, transforment chaque jour l’air pollué de la haine en oxygène de la fraternité » (Discours du Saint-Père aux participants à la Conférence internationale pour la paix. Le Caire, 2017).

Mais ce n’est pas parce que nous avons perdu nos rêves que nous ne voulons plus rêver, que nous ne voulons pas construire un monde nouveau de nos mains. Nous sommes prêts à participer à un effort collectif pour briser les chaines de l’exclusion, nous répondrons présents pour accueillir nos frères et soeurs immigrés, nous souhaitons porter, ensemble, la réalisation d’une nouvelle utopie sociale, ce rêve qui nous conduit à donner le meilleur de nous-mêmes pour un monde plus juste et plus fraternel. Nous ne voulons pas que les idées du FN soient normalisées, que le racisme et la xénophobie deviennent des valeurs dominantes dans notre société. Car si demain, le monde sera difficile et précaire pour une majorité d’entre-nous, ce n’est qu’à travers l’union des peuples que nous pourrons créer un monde nouveau !

Alors, pour dimanche, donnez-nous envie d’aller voter pour une défaite totale du racisme et la xénophobie ; pour nous impliquer dans la construction d’un nouveau pacte social ; pour lutter en faveur d’une plus grande justice sociale, d’une plus grande écoute des exclus ; pour reprendre en main le destin de notre société ; pour pouvoir s’exprimer encore librement le 8 mai ; pour ne pas revenir en arrière par peur de demain. Et pour ce faire, n’utilisez pas des arguments moralisateurs, prenez le temps de nous expliquer. Nous sommes prêts à aller voter contre Mme Le Pen en votant pour le candidat qui s’oppose à elle, mais prenez le temps de nous dire que, cette fois, c’est pour de bon !

 

Le 1er mai 2017,

JOC de Nantes

 

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