Des Jocistes

[2022.04.12] [Communiqué de presse] Témoignage de la CIJOC : En route vers le 1er mai 2022 !

Salut ! Je suis Esther, militante de la JOC de Séville et actuelle présidente de la JOC d’Espagne. Je suis ravie de pouvoir adresser quelques mots et que vous sachiez un peu comment je vis le 1er mai, journée internationale des travailleurs.

Avant de commencer mon processus d’initiation à la JOC, je voyais cette journée différemment. Je me souviens que j’étais allé à la manifestation avec mes parents, mais je n’avais pas compris le sens de cette journée ni à quoi servait notre présence.

Dans les premières années d’initiation à la JOC, je me souviens qu’à l’approche du 1er mai, on travaillait toujours sur du matériel de formation ou une Revue de Vie Ouvrière où l’on voyait le pourquoi de cette journée et son importance.

Comme vous le savez, ce jour survient parce que le 1er mai 1886, il y a eu une grève générale à Chicago pour exiger la journée de travail de 8 heures, une grève dure, avec des centaines de morts et de blessés, mais représentant un combat pour la dignité de la vie humaine. Cette lutte semble lointaine, mais grâce à la JOC j’ai découvert qu’elle est toujours présente (avoir une journée de 8 heures relève presque du miracle chez les jeunes).

La JOC est l’endroit où j’ai travaillé sur mon appartenance au mouvement ouvrier et j’ai acquis une conscience de classe. Beaucoup de gens demandent : la classe ouvrière existe-t-elle toujours ? Il paraît qu’ils pensent qu’être ouvrier, c’est avoir une salopette d’usine ou travailler dans les mines… Ils veulent nous faire croire qu’on n’est plus ouvrier et ils font même en sorte que les gens n’aient pas envie de s’identifier à un ouvrier en faisant croire que c’est indigne, qu’il vaut mieux être “de la classe moyenne”.

La JOC m’a fait comprendre qu’appartenir au mouvement ouvrier, c’est lutter pour la dignité des personnes les plus démunies, c’est opter pour une lutte commune dans laquelle les droits des travailleurs sont défendus. Je pense que le pape François le décrit très bien : « Le gros problème, c’est le travail. Ce qui est vraiment populaire — parce qu’il favorise le bien du peuple —, c’est d’assurer à chacun la possibilité de faire germer les graines que Dieu a semées en chacun, ses capacités, son initiative, sa force. C’est la meilleure aide pour une personne pauvre, la meilleure voie vers une existence digne.” (162, Fratelli Tutti)

Lors de notre dernier Conseil général sous le slogan « Nous sommes la classe ouvrière, mettons-nous au travail », nous avons également travaillé sur notre identité ouvrière et sur sa présence parmi les jeunes d’Espagne d’aujourd’hui. Il y a beaucoup de témoignages sur lesquels nous avons travaillé, mais j’en partage certains où je peux voir la classe ouvrière :

« J’ai l’impression d’être une classe ouvrière quand tous mes collègues et moi travaillons au SMIC et qu’on n’est pas assuré de continuer à travailler dans 2 mois, alors que toutes les demi-heures dans le groupe WhatsApp ils nous donnent des instructions pour savoir si nous devons être plus agiles ou se méfier de quelque chose que nous avons fait. Être contrôlé et avoir peur que ceux qui sont au-dessus de vous ne vous surprennent pas en train de faire ou de dire quelque chose qu’ils ne considèrent pas bon pour l’entreprise. » Chema, militant de Córdoba.

« Je vis le cas d’insécurité de l’emploi. Par exemple, je travaille 12 heures par jour et je n’ai pas la possibilité d’en prendre moins, vous devez les faire obligatoirement, sinon vous serez licencié. Ces heures supplémentaires que nous effectuons sont payées au noir parce que nous effectuons plus d’heures supplémentaires que ce qui est autorisé. Ils me paient, mais ils ne me donnent pas la chance de dire non. » Mario, Séville.

« Je crois que les jeunes ressentent la pression que nous devrions être constamment reconnaissants d’avoir un emploi et nous ne devrions pas nous plaindre, malgré le fait que les conditions des contrats et les salaires ne sont pas justes ou ne s’adaptent pas à nos capacités ou qualifications. » Prado, Îles Canaries.

Il n’y a que 3 témoignages que j’ai partagés, mais il y en a beaucoup d’autres qui soulignent que nous vivons dans un système dans lequel l’argent est mis au centre, et non la personne. Un système qui opprime les travailleurs de la classe ouvrière et dans lequel le travail cesse d’être humain et un espace pour rendre les gens dignes.

En tant que militant chrétien, je suis également appelé à changer cette réalité que subissent tous les travailleurs, actuellement les plus appauvris par ce système capitaliste. Joseph Cardijn nous disait aussi : « C’est toute la vie de la masse des jeunes travailleurs que la JOC veut évangéliser, influencer, réformer, protéger et défendre. »

Pour tout ce que j’ai partagé, le 1er mai est un jour très important pour moi. C’est une journée que je vis habituellement accompagnée de mes amis, militants de la JOC, d’autres mouvements sociaux, et qu’ensemble nous allons manifester pour continuer à défendre les droits qui nous appartiennent. Nous nous battons pour ceux qui sont présent et ceux qui ne peuvent pas l’être.

Il est bon de savoir que je suis uni dans la lutte avec l’ensemble du mouvement ouvrier international, qui est une lutte qui dépasse les drapeaux et les frontières… Une lutte pour la communauté, pour la justice sociale et pour le bien du peuple.

Je vous souhaite un 1er mai plein d’amour et de revendications pour la classe ouvrière. Nous serons ensemble dans le combat, car comme le disait le poète Mario Benedetti :

« Je t’aime dans mon paradis

c’est-à-dire que dans mon pays

les gens vivent heureux

bien que cela ne leur soit permis

Si je t’aime c’est car tu es

mon amour, ma complice et tout

et dans la rue côte à côte

nous sommes beaucoup plus que deux »

Esther Barba Parreño

Presidenta JOC España

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