Jeunesse Ouvrière Chrétienne

[2020.05.18] Covid19 – (Dé)Confinés en milieu ouvrier : les jeunes témoignent (8)

Semaine du 18 au 24 mai 2020

Le déconfinement démarre et la JOC poursuit sa série de témoignages de jeunes confinés en milieu ouvrier ! Plus que jamais, il apparait indispensable pour la JOC de rendre visibles ces vies confinées et ces vies déconfinées à venir…  Au sein du mouvement, les jeunes sont nombreuses et nombreux à appréhender la période à venir : accès à l’emploi, étude, logement… Parce qu’elles et ils valent plus que tout l’or du monde, la JOC publie chaque jour sur son site (ainsi que sur Facebook, Twitter et Instagram) et depuis les débuts de cette crise sanitaire leurs témoignages. (Voir résumé au bas de cet article)

“Je prends le document, je recopie le document et je prends en photo et j’envoie aux profs.”

“Je suis confiné tout seul, dans mon appartement. Pendant le confinement, je sors uniquement pour faire des courses. J’ai passé mon temps seul dans ma chambre. Je suis lycéen, j’ai eu des cours en ligne avec des profs. Je fais de la musculation. J’ai trouvé 2 haltères, je travaille avec mon corps.

Ça n’a pas été facile. Marie, l’accompagnatrice m’appelle souvent pour avoir de mes nouvelles. On a fait un appel vidéo le 30 avril avec les copains de la fédé pour partager ce qu’on vit pendant ce confinement. On s’est posé des questions, sur qu’est-ce qui va et ne va pas. Depuis la session de formation à Reims, on avait mis en place une action sur la nouvelle réforme du bac. Il y a plein d’élèves qui se plaignent et certains abandonnent les cours… J’en ai parlé à mon prof principal et on commençait à trouver des idées, mais le confinement a empêché de continuer. J’ai pu en parler avec mon prof de français en visio aussi. J’aimerais pouvoir faire d’autres actions qui concernent cette crise avec mon équipe. Voir les personnes isolées qui ont mal vécu le confinement par exemple. Moi, je suis confiné, j’ai mon appart… mais il y a des gens qui vivent dans la rue, c’est compliqué pour eux. Ils n’ont pas de quoi manger.

Au lycée, on devait passer un examen cette année. On attend de voir comment ça va se passer. Ils vont prendre en compte les moyennes du premier semestre. Je suis en formation en électricité industrielle, je compte faire un BTS ensuite, j’aimerais le faire en alternance. Je devais être en stage à partir du 16 mars, mais avec le confinement, l’école a obligé à poursuivre les cours par visio. Ça fait 2 ans que je suis dans cette entreprise. Je leur demanderai s’ils veulent bien me prendre en BTS.

Je n’ai pas d’ordinateur. Pour les cours, il y avait des documents pdf que je n’arrivais pas à avoir. Marie s’est renseignée pour avoir un ordinateur. Mais elle n’a pas trouvé. Du coup, je prends le document, je recopie le document et je prends en photo et j’envoie aux profs. Mais pour certains profs c’était compliqué donc ils se sont arrangés. La prof d’anglais envoyait des dessins mais je ne pouvais pas les recopier… Certains profs comprenaient, mais d’autres non. Depuis, on a moins de devoir qui viennent, ça nous a un peu libérés. La 1ère semaine, on était trop chargé en travail. 

Je vais essayer de voir si je peux avoir des vacances cet été, mais j’aimerais trouver un emploi en intérim.”

Noé, 18 ans, Lille (59)

“Même si le dé-confinement me fait un peu peur, il faut vivre avec.”

“Avant le confinement j’allais à l’école et je sortais de temps en temps. Je suis confinée chez moi avec ma mère, ma grand-mère, mon beau-père, mon frère ma demi-sœur. Le confinement avec la famille se passe super bien, on s’occupe comme on peut. Mon confinement se passe très bien même si je peux m’ennuyer de temps en temps. Je m’occupe, je fais le ménage, je fais à manger et des jeux de société. J’ai des nouvelles de mon accompagnatrice JOC par message. Garder les liens c’est un peu difficile. 

Je suis très contente de retourner à l’école le 25 mai à 10h. Même si le dé-confinement me fait un peu peur, il faut vivre avec.”

Fanny, 16 ans et demi, Vignot (55)

“J’ai des contacts avec les jocistes via Messenger ça m’apporte du bonheur”

“Je suis maman au foyer, confinée toute la journée. Je ne sors que pour les courses ou alors c’est ma mère qui fait les courses. Je suis confinée une semaine avec ma fille seule et une semaine avec mon copain et ses parents. Pendant le confinement je regarde la télé, j’ai des contacts avec les jocistes via Messenger ça m’apporte du bonheur car je peux voir les gens que j’apprécie et avoir de leur nouvelles.”

Wendy, 25 ans, Longuyon (54)

“On arrive à faire Révision de vie chaque semaine avec mon équipe. C’est plus que d’habitude !”

“J’habite une maison avec jardin. J’occupe mon temps pendant le confinement en lisant des livres, des mangas, des BD. Je ne sais pas quand je retournerai au lycée pour ma mention e-commerce… Je fais les devoirs que mes profs m’envoient. Ce n’est pas toujours facile à distance pour envoyer les travaux, au début je n’avais pas l’habitude de faire des devoirs à la maison. Et puis, normalement j’ai un AVS* et à distance je ne pouvais pas.

J’aide à la maison : j’apprends à faire des trucs en cuisine. Je parle avec mes amis sur Messenger. J’ai peur pour mes amis qu’ils  soient  en JOC ou non et j’ai aussi peur pour ma famille. La situation familiale est parfois compliquée. Ma sœur est revenue y vivre avec son fils suite à une séparation.

Le bon côté de ce confinement c’est les liens avec les jeunes de la fédé d’Arras. Je me suis créé un Facebook pour l’occasion, on y échange beaucoup. Mais surtout, on arrive à faire Révision de vie chaque semaine avec mon équipe. C’est plus que d’habitude !”

*AVS : une personne qui accompagne les élèves en situation de handicap.

Justin, 22 ans, Evin-Malmaison (62)

“Ma relation à Dieu s’est intensifiée”

“Je suis en alternance en « Gestion des organisations ». Durant cette période de confinement, le lundi et le mardi, j’étais en « télécours », et du mercredi au vendredi en télétravail. Ça allait, mais les cours c’était difficile, les profs se sont lâchés sur les devoirs, ils avaient peur qu’on ne travaille pas. Certains dans ma promo étaient en chômage partiel, et d’autres comme moi travaillaient. J’avais forcément moins de temps pour bosser les cours.

Et puis, suivre les cours à distance/visio et en physique, c’est pas pareil. La compta, par exemple, il faut un support visuel pour comprendre, sans support c’est difficile. Pour la partie télétravail, ça c’est même très bien passé, je trouve que c’est plus facile de se concentrer, on n’est moins dérangé. Mon problème, ça été Internet. Dans la coloc où je vis, on a de gros problèmes de connexion internet mais aussi bien de réseau. Ma tutrice au travail a été très compréhensive. Mais côté profs, c‘était plus difficile, ils ne pouvaient pas concevoir ces problèmes de connexion. Un jeune sans connexion ce n’est possible.

A la maison, j’ai la chance d’être en coloc, dont mon copain et de l’avoir vécu avec lui. Cela nous a fortement rapproché : faire des activités ensembles, découverte sur l’autre … Avec l’ensemble des colocataires ça s’est plus ou moins bien passé mais on ne faisait pas trop de choses ensemble.

Le moment fort de ce confinement, ça été sans aucun doute ma relation avec Dieu. Elle s’est intensifiée, j’ai plus pris le temps d’écouter la parole de Dieu. Le confinement m’a permis plus de temps pour moi, pour me poser, à un moment où j’étais fatiguée mais aussi pour mon couple.

En JOC, je suis fédérale à la JOC de Lyon, les liens avec la fédé c’était souvent par visio ou par sms. Mais, dès que ça passait par le réseau, c’était très compliqué pour moi… Lors d’une Rencontre régionale en visio, comme je captais mal, je ne pouvais pas trop parler, je devais écrire pour être comprise… Il y a eu trois temps forts pendant ce confinement : une soirée apéro par Skype, une soirée jeux et un temps autour du 1er mai. Pour nous, l’équipe fédérale, c’était facile à prendre comme décision, voire évidente, c’était important de ne pas laisser les jocistes seuls. D’ailleurs, dès les débuts du confinement, on s’est réunis pour réfléchir à ce qu’on pouvait proposer aux jocistes durant cette période.

J’anime aussi un collectif foi au sein de la fédé, on a fait des rencontres, notamment lors de la semaine Sainte. Il y avait beaucoup de jocistes. C’était important de se dire que même en temps confiné on peut vivre notre foi, et même : mieux la vivre. Il y a 10 à 15 personnes dans le collectif, nous avons créé une conversation WhatsApp où nous partageons des prières, des intentions de prière. Ça été des échanges forts. Certaines personnes avaient des proches touchées par le virus et l’ont partagé. Cela a permis à d’autres de prendre la mesure de la situation, alors qu’au départ, elles la prenaient à la légère. Nous avons également vécu une sorte de temps de partage de la Bible. C’était un temps d’écoute. L’idée c’était d’écouter chacun et chacune, sans réagir, juste par l’écoute. J’ai réalisé que nous pouvions grandir aussi par l’écoute. Nous pensons faire un temps pour l’Ascension, peut-être sous forme de visio à nouveau, pour toucher un maximum de jeunes.

J’aimerais juste souhaiter bon courage à tous les étudiants qui sont dans une phase d’interrogation pour leurs examens, leurs voeux, leur suite d’étude après ce confinement. Le confinement va sûrement modifier les pratiques des écoles supérieures : j’ai entendu qu’ils vont continuer l’année prochaine à des cours en distance… “

Laetitia, 21 ans, Villeurbanne (69)

 

 

Lire aussi les témoignages des semaines précédentes :

 

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